Pour celles et ceux qui ne sont pas familiers avec les Arts que nous enseignons dans notre école, nous sommes fortement influencés par ce que nous a transmis Maître Yáng Jwing-Ming : à la fois pour la partie technique (que ce soit en Tàijíquán ou en Qìgōng), mais aussi pour l’Éducation morale. Ceci commence par Cultiver le Cœur pour Nourrir le Caractère (修心養性, xiū xīn yǎng xìng), notre qualité ou nature d’être humain, notamment en choisissant de suivre un “code de conduite” ou en appliquant une éthique réelle dans nos comportements quotidiens (修身, xiū shēn).
C’est tout l’objet des Valeurs et des Principes moraux qui transforment notre Caractère pour l’améliorer : se cultiver soi-même, comme on le fait pour un jardin, où l’on plante patiemment des graines pour faire pousser des belles plantes, dans une terre que l’on rend fertile, notamment en creusant le sillon, en arrêtant de nourrir les mauvaises herbes et en empêchant qu’elles ne se développent. Les Principes que nous a formellement transmis Maître Yáng (si cela vous intéresse, vous pourrez les retrouver sur la page que nous lui consacrons) sont ceux que propose la Moralité Martiale (武德, wǔdé), avec 5 vertus des Actes et 5 vertus de l’Esprit. Rien de surprenant au fond, puisque l’on ne pratique plus réellement les Arts Martiaux pour se battre (même si nous devons être en capacité réelle de le faire, en suivant l’adage japonais que “le sabre dans son fourreau est un trésor“), mais pour se donner une occasion de se cultiver soi-même, pour se pousser et se faire pousser toujours plus… et quand on se plante, ça pousse !
Maître Yáng nous a ainsi tout autant transmis formellement que par l’exemple vivant de ce qu’il a accompli, par les nombreuses histoires qu’il nous a raconté, celles de son Maître de Grue Blanche, mais aussi celles de sa vie, avec ses succès, mais aussi avec ses échecs et c’est ce dont on peut apprendre le plus. Apprendre à devenir l’exemple vivant de ces vertus n’est pas chose facile, ni quelque chose qui arrive en un jour, mais “d’échec en échec, de prise de conscience en prise de conscience, on finit par se mettre dans l’état de propreté mental” nécessaire pour réellement avancer, comme le disait Maître Henry D. Plée. C’est à nous qu’il appartient de cultiver notre jardin, mais, heureusement, d’autres peuvent nous y aider, notamment en étant des exemples vivants et inspirants.
Et en ce qui nous concerne, Maître Yáng n’a jamais arrêté de nous parler d’un Maître qui l’a beaucoup inspiré par l’exemple : Maître Jou Tsung-Hwa (13/07/1917-03/08/1998), qui a rallumé la flamme de la recherche pour un Tàijíquán plus proche des origines, en suivant les principes de la discipline, préservés dans les Classiques, et que le travail constant nous permet d’incarner réellement ; ainsi, Maître Jou était constamment en train de pratiquer la base qu’est “l’enroulement de la soie” (纏絲勁, chán sī jìng), un Nèigōng (內功) que l’on travaille dans plusieurs pratiques typiques de notre école et aux multiples applications, dont la boule de Tàijíquán. Mais ce qui frappa tout le monde n’était au final pas sa technique, mais sa gentillesse, sa bienveillance, sa persévérance et son dévouement. Ses livres et sa “ferme Tàijí” furent ainsi des occasions de rencontres et de discussions inégalés aux États-Unis à l’époque. Son impact a été réellement grand sur le Cœur de ceux qui ont croisé sa route.
Après sa mort, beaucoup de ceux qui l’ont connu furent très affectés, parce qu’ils avaient perdu un être cher. Un être cher, parce qu’il avait transformé leur Cœur en ouvrant leur Esprit vers de nouveaux horizons, grâce à des principes simples, mais non nécessairement faciles à mettre en pratique.
D’autres leçons qu’il a incarnées peuvent être retenues, notamment celle d’accueillir tout le monde (même ceux qui ne nous aiment pas). Vous pourrez en avoir un bel aperçu dans la vidéo ci-dessous en anglais, produite par John Painter.