Cette page a vocation à s’étoffer progressivement au fur et à mesure de nos découvertes de textes inspirants en lien avec l’esprit de l’association Le Cercle et Le Carré.
Nous commencerons par une unique citation du Huángdì Nèijīng (黃帝內經/黄帝内经, le Classique Interne de l’Empereur Jaune). Dans sa première qu’est le Sùwèn (素問/素问, les Questions pures et simples… avec un sens de directes, brutes, natures, telles quelles), au Chapitre 5, il est écrit que : “Celui qui sait faire un diagnostic observe les couleurs et palpe les méridiens, il distingue d’abord le yīn et le yáng. Il examine le pur et le trouble, il connaît le lieu [NdT : du problème]. Il perçoit les problèmes respiratoires et écoute les sons, il sait ce dont on souffre. Il examine et soupèse le Compas et l’Équerre, il sait ce qui gouverne la maladie“. Cette traduction personnelle essaye de coller au mieux de nos capacités au texte chinois , tout en s’inspirant çà et là des traductions du même passage par Albert Husson en 1973 (dans son livre) et Jean-Sylvain Prot (dans un post Facebook) du 21/09/2020.
Toute traduction est toujours perfectible et incomplète, notamment parce que le traducteur trahi toujours en interprétant, au moins un peu, à sa propre sauce, en fonction de son point de vue propre. Nous n’échappons pas à la règle, même si nous avons essayé de trahir le moins possible le texte originel et d’y être le plus fidèle que nous avons pu. Nous n’aborderons ici qu’une unique question de traduction du passage en gras (權衡規矩/权衡规矩, quánhéng guīju).
Le premier terme (權衡/权衡, quánhéng) indique que l’on a l’autorité/le pouvoir/le droit qui nous permet de peser/mesurer, ce qui suppose examen, enquête et délibération, raison pour laquelle nous l’avons traduit par “soupeser“, plutôt que “peser” le pour et le contre, même s’il y a aussi de ça ; toutefois, il n’y a pas le moindre fil à plomb mentionné, même si celui-ci est lié au poids. Le deuxième terme (規矩/规矩, guīju) indique le Compas et l’Équerre du charpentier, ce qui est une expression toute faite en chinois venue à désigner les règles ou les normes établies, quand on compare à une référence connue, comme par exemple le mètre-étalon, mais également aux coutumes et usages, à ce qui se fait en pratique. Le compas, par le Cercle qu’il permet de tracer, indique la règle et comment réguler et régulariser, notamment les aspects célestes comme ceux du qì ; l’équerre du charpentier, par les angles et le Carré qu’elle permet de tracer, indique également la règle et comment réguler, mais aussi le résultat de ce processus qu’est la forme, l’aspect typiquement substantiel et terrestre caractéristique du sang.
Au fond, celui qui connaît le Ciel et la Terre connaît ce qui façonne l’entre-deux du monde de l’Homme. Comment ne pourrait-il alors pas percevoir le yīn et le yáng et donc régulariser le qì et le sang ? C’est bien l’une des définitions les plus classiques de la médecine chinoise.