On voit à partir de l’arbre généalogique ci-dessus comment se sont constitués différents courants à partir d’une même source : Mikao Usui, le fondateur du Reiki Usui. Passons en revue les grands courants visibles du Reiki d’aujourd’hui :
- Des courants authentiquement japonais : celui resté quasi-confidentiel au Japon de la Gakkai, la société historique fondée autour de Mikao Usui ; il s’agit d’une pratique méthodique, lente et sans doute la plus complète, mais dont un certain nombre d’éléments clés ont fini par “fuiter” en occident, notamment grâce à Hiroshi Doi et Frank Arjava Petter. Celui du Jikiden (ouvert au grand public, même en dehors du Japon), issu de la perspective thérapeutique spécifique d’Hayashi, à laquelle nous avons été initié par Arjava sensei ; il s’agit d’une pratique simple, simplifiée et pragmatique dont la focalisation est exclusivement thérapeutique.
- Des courants occidentalisés, plus ou moins issus de l’enseignement de Takata, mais surtout de ses élèves : avec toutes leurs trouvailles et leurs inventions personnelles, les bonnes, mais aussi toutes les autres… Un prix élevé était demandé (et l’est parfois toujours) pour le Dernier Degré et une aura de secret et de mystère était privilégiée, faisant de ces degrés du Reiki une pratique élitiste. La démarche de transmission y est traditionnellement surtout envisagée comme celle de l’Apprentissage, c’est-à-dire la relation du Maître et de son Apprenti au travers de la pratique. C’est dans ce courant occidentalisé que l’expression nouvelle de “Maître Reiki”, inconnue au Japon, apparaît pour la première fois et deviendra la norme.
- Des courants inventés de toute pièce ou pseudo Reiki… à partir généralement d’un peu de Reiki quand même : de tels courants ne figurent volontairement pas sur le schéma ci-dessus, car ces inventions modernes (à partir des années 1980) comportent certes quelques éléments traditionnels, mais font de nombreux rajouts externes fantaisistes et sans réel rapport avec le Reiki des origines (les plus connus étant les pseudo “Reiki Tibétain” et “Reiki Karuna®“). Trop souvent cela s’est fait pour les seules raisons lucratives du “reiki business” : le but est moins de vous permettre de vous connecter à l’énergie spirituelle et de faire du bien à vous-même et à autrui, que de provoquer l’enrichissement matériel de l’organisateur vous faisant participer à de nombreux séminaires coûteux, plutôt que de permettre votre propre enrichissement spirituel… On pense rapidement avec humour à ce fameux précepte médiateur de la pensée Richenou : “tout bien que tu détiens est un souci qui te retient… et Skippy est là pour nous ôter tous nos soucis” !
Examinons un peu plus le panorama actuel en axant nos développements sur les spécificités du cas français, qui n’est malheureusement pas le plus simple…
La forme surtout New Age du Reiki
De nombreuses lignées (> 90%), originellement issues de la forme de Reiki transmise par Takata, sont devenues, au fil de la transmission et des modifications de génération en génération, des pratiques chargées d’inventions “New Age” : on a pris l’habitude dans le Reiki occidental d’importer des choses (plus ou moins bonnes) comme dans une auberge espagnole… avec malheureusement, à l’occasion, quelques “gourou thérapeutes” ayant instrumentalisé le Reiki en le faisant passer pour ce qu’il n’était pas, avec les problématiques d’enrichissements personnels bien connues. C’est un classique déplorable de la perversion d’une démarche spirituelle détournée à des fins personnelles (voir “Faut-il avoir peur du Reiki ?“). Heureusement, même si des dérives existent, elles sont rares quand on les rapporte au vaste ensemble de la population Reiki.
Toutefois, le vrai problème est plus profond que cela : bon nombres de personnes sont persuadées d’avoir raison et que seules leurs croyances sont vraies, bien qu’elles n’en produisent que des justifications de surface. On fait souvent alors du Reiki une “pratique de magie blanche”… avec de très nombreux ajouts personnels, plus ou moins connexes, plus ou moins efficaces ou fantaisistes ou encore potentiellement dangereux : radiesthésie, pierres et lithothérapie, licornes/dragons, anges, symboles additionnels reçus d’entités, méditations tibétaines ou indiennes sans rapport avec la pratique du Reiki d’Usui, etc. ; il conviendra donc d’être tout particulièrement capable de faire preuve d’esprit critique dans ce courant.
Il est assez clair historiquement que ceci est en rupture avec ce que faisait et enseignait le fondateur du Reiki, Mikao Usui. C’est ici que l’on a vu fleurir le “Reiki business” où il est d’abord question de Chiffre d’Affaires (matérialisme) en vendant du séminaire assez cher (certains penseront : “à des personnes crédules”), plutôt que de les aider à mieux se connecter à l’Amour et à la Lumière et, ainsi, à favoriser leur développement spirituel. On y trouve aussi de bonnes choses, mais… il faut déjà bien connaître les principes du Reiki pour savoir faire le tri entre le bon grain et l’ivraie technique et spirituelle.
Dans ce Reiki occidentalisé New Age, on trouve une multitude de “styles” de Reiki : Essential Reiki, Authentic Reiki®, Real Reiki®, The Radiance Technique®… Raku-kei, “Tibétain”, Rainbow, Men Chho Reiki™/Medicine Darma Reiki, Jin Kei Do®, Usui-Do, Sai Baba… Sekhem-Seichim, Seichem, “Égypte ancienne”, Tera-mai®, Karuna®, Karuna ki… Shamballa, Multi-dimensionnel des Plans de Lumière, Dragon, Royaumes des fées, Flamme violette/bleue, “Kundalini”, Money Reiki, “Hypno”, Aromatherapy, Angélique, Lightarian, Holy Fire®, etc. L’unité s’est en quelque sorte perdue, alors que nous ne sommes spirituellement qu’une seule et même famille…
La forme surtout psychologisante du Reiki
Une nouvelle lignée franco-française a vu le jour dans les années 2000 et s’affiche comme étant en réaction à certaines dérives New Age et sectaires dangereuses (voir “Faut-il avoir peur du Reiki ?“) ; ultra-minoritaire (moins de 2% du Reiki Français, selon leurs propres dires), elle entend pourtant s’attribuer le monopole de la définition de ce qu’est ou devrait être le Reiki et s’affiche en sécession par rapport au reste du monde du Reiki. Dans d’autres domaines, on parlerai d’une tentative de coup d’état ou, plus prosaïquement, de holdup…
Son fondateur, longtemps “formateur-coach-consultant” (selon ses propres termes) et psychanalyste de formation, s’aperçoit dans la pratique qu’une séance de Reiki permet souvent de “débloquer une psychothérapie” ; fort de cette expérience, il innove et fonde son propre style de Reiki : le “Reiki bunseki”. Si l’on sait que le mot “analyse” se dit bunseki en japonais et que le mot “psychanalyse” se dit seishinbunseki (seishin désigne l’esprit perçu comme conscience/mental), on comprend que ce style de reiki est littéralement “une reiki-analyse“. Jusqu’ici rien à redire, on est toujours dans une évolution de la lignée Takata classique du Reiki occidentalisé, bien que l’on insiste apparemment sur des éléments historiquement complètement faux comme une pseudo origine tibétaine du Reiki. Cette dernière provient directement du style New Age de Reiki d’Arthur Robertson (Raku Kei Reiki), largement popularisée par les ouvrages de Diane Stein…
C’est ainsi à partir des conceptions personnelles et originales que son fondateur décidera de créer de toute pièce une Fédération Française de Reiki qu’il osera appeler Fédération Française de Reiki Traditionnel (FFRT) ! Évidemment ce n’est “Traditionnel” que depuis 2002 (cf. Reiki : Trahison ou Tradition ?)… On est en présence d’une innovation moderne où le Reiki est vu comme une forme de psychothérapie “trans-personnelle” légère par le toucher méditatif s’adressant à des “personnes en détresse psychologique” (état de fort stress, voire d’anxiété).
Une telle vision psychologisante du Reiki nécessite évidemment une formation professionnelle adéquate qui sera baptisée et enregistrée comme marque commerciale sous le nome de “reikiologie®”, avec le suffixe “-logie” qui indique normalement un discours et une étude rationnelle (mais qui peut toutefois être usurpé, comme par exemple dans le cas de la “scientologie”). Évidemment à 5430 € pour devenir “praticien” en Reikiologie, cela permet de créer du même coup un bon Reiki business, d’autant qu’après le titre de “praticien”, vient celui de “maître praticien” et la formation supplémentaire coûte 5310 €. La formation s’étale cependant sur 3+2 ans, et non 3 ou 4 week-ends, ce qui en fait une formation inscrite sur la durée ; pour rappel, le coût de l’inscription en Licence de Psychologie à distance à Paris 8 pour 3 ans en 2020-2021 est de 2433 €.
Il est indisputable toutefois que ce n’est clairement pas ce que faisait le fondateur du Reiki Usui, qui s’adressait à tout le monde : cette forme moderne de Reiki est non traditionnelle (coaching soft, psychologie occidentale, méditations tibétaines, marque collective européenne déposée de la reikiologie® et certifiée par Dekra via l’ISO 17024, etc.) quant aux enseignements du japonais Mikao Usui qui prônait un Reiki ouvert et pour tous, notamment dans le cadre familial… Celui-ci ignorait sans doute à peu près tout de la psychanalyse ou de la psychologie occidentale moderne (Freud institue cette discipline autour de 1905 et Jung autour de 1916), et il connaissait sans doute bien mieux l’âme humaine et ses aspects spirituels, ce qui passait peu, voire pas du tout, par la parole et plus par le ressenti en posant les mains ; Usui sensei s’adressait à des gens ordinaires (ou, dans ses cliniques, à des gens physiquement malades, comme en atteste le manuel de Reiki pour débutant qu’il a laissé), plutôt qu’à des personnes fragiles psychologiquement. Il prônait l’évolution et la guérison spirituelle par la pratique méditative (Gasshō) de connexion avec le divin ou le Ciel (axe spirituel, le fameux “Rei” de Reiki)… ce qui n’est pas la même chose qu’une guérison psychologique, un axe plus matériel et immanent, surtout quand on met l’accent sur la force (égotique) de son propre esprit (l’interprétation de mise dans ce courant), alors que, dans ce cas, on ne parlerait pas en japonais de “Rei”, mais de “Shin”… Il faut dire que les équivalences françaises utilisées par ce courant ne proviennent pas de personnes qui parlent ou lisent le japonais mais de la traduction unique et circonstanciée d’un “traducteur assermenté”. Quiconque connaît le japonais sait à quelle point cette langue est contextuelle et qu’il est virtuellement impossible de donner une bonne traduction d’un terme sans ce contexte, quand bien même serait-on assermenté et compétent linguisitiquement… d’autant que le sens général de l’expression dans les années 1920 (“énergie spirituelle”) a évolué et n’est plus le même dans le Japon d’aujourd’hui (“aura de mystère”, sinon “chose occulte”, voire parfois même magie noire, avec histoires de “fantômes” !).
En résumé, nous pourrions dire que l’ouverture à la Spiritualité et son vécu intimement personnel ne se conforment pas du tout avec une relation thérapeutique de type psychologique, même si aider réellement le psychisme contribuera sans doute à aider réellement l’Esprit (la partie spirituelle de notre être) à continuer à s’épanouir. La vraie Spiritualité dépasse cependant de très loin le fait de simplement “donner du sens à sa vie“, une approche plus intellectuelle que vécue, contrairement au Reiki.
La forme surtout japonaise du Reiki
Seul l’enseignement (apparemment très lent et progressif, sur une dizaine d’année) de la confidentielle Gakkai au Japon, pourrait éventuellement se prévaloir du titre de “Traditionnel” : cette organisation a été crée par le fondateur lui-même et ses premiers dirigeants en étaient ses élèves directs… De tous les courants du Reiki, c’est donc celui-ci qui dispose de la filiation la plus claire de toute ! C’est dans ce petit groupe très restreint de moins d’une centaine de personne au Japon (le Reiki y est plutôt pratiqué comme un mode de vie et un engagement sur des dizaines d’années) que se trouve la plus grande présomption d’authenticité.
Mais, même là, aucune assurance réelle n’existe quant au caractère parfaitement “Traditionnel”, puisque les choses transmises peuvent avoir évolué : parfois en mieux, parfois en pire (quand on ne comprend plus pourquoi on faisait traditionnellement les choses de telle ou telle façon)… Et reste l’éternelle question des évolutions de l’enseignement : faut-il être fidèle à la lettre (on garde les techniques, les rituels, les protocoles tels quels, sans quasiment les changer… ce pour quoi les japonais sont très réputés) ou plutôt à l’esprit (on garde l’intention initiale du fondateur aussi intacte que possible, quitte à adapter la technique, les rituels et autres formes culturelles) ? La Gakkai n’aurait quasiment rien changé à ses enseignements depuis Koyama sensei, c’est-à-dire depuis les années 1970…Un flou historique quant aux pratiques de la Gakkai subsiste cependant entre les années 1930 et 1970, d’autant qu’il y aurait eu interruption des activités de la Gakkai (et donc de sa transmission) entre 1939 et 1945. Le 5ème Président de la Gakkai jusque dans les années 1970, Wanami sensei, avait cependant été l’un des élèves directs et Reijusha/Shihan d’Usui Sensei.
Différents courants japonais, issus à l’origine de la Gakkai, ont pris leur indépendance depuis les années 1920 : Tenohira, Hayashi Kenkyūkai, Jikiden (les Yamaguchi qui affirment n’enseigner que ce qu’ils ont reçu d’Hayashi), Kōmyō (le révérend Inamoto à partir des Yamaguchi), Teate (un occidental à partir de l’enseignement d’une nonne japonaise)… mais aussi des choses beaucoup plus récentes, voire New Age comme le Vortex Reiki, le Gendai Reiki (Hiroshi Doï) et bien d’autres…
La forme surtout intégrative et rectifiée du “Reiki Usui”
D’autres courants, minoritaires (< 5-10 %), ont fait évoluer la transmission de ce qu’ils ont reçu dans leurs lignées respectives sur la base des éléments historiques et des documents d’archive, découverts au Japon et à Hawaï à partir de la fin des années 1990, ainsi que grâce à des contacts directs et suffisamment prolongés avec des membres ou anciens membres de la Gakkai ou des lignées purement japonaise de Reiki : un énorme merci à Frank Arjava Petter (il a vécu 12 ans au Japon), Hiroshi Doi (japonais vivant au Japon) ou encore à James Deacon (de nombreuses synthèses des recherches historiques et théoriques faites par d’autres, mais patiemment collectées et mises bout à bout, même s’il a “piqué de nombreuses photos”), à qui tant de monde oublie tout ce qu’ils leurs doivent réellement…
C’est grâce à leurs travaux que l’on peut être beaucoup plus fidèles à l’héritage avéré du fondateur, Mikao Usui… sans le transformer ni en une forme de magie, ni en une forme de psychanalyse (formes pour lesquelles les pratiquants de Reiki n’ont évidemment aucune compétence particulière).
Bien entendu, cette façon de faire n’est pas non plus la panacée (on ne dispose pas de toutes les archives et c’est, là encore, une reconstruction… ce qui laisse de la place pour l’interprétation et donc pour l’erreur), mais on cherche à comprendre ce qu’à vraiment fait le fondateur de son vivant et à suivre ce qu’il a écrit être son intention initiale : la guérison et le développement spirituels. Ils se nomment généralement et tout simplement : ” Reiki Usui ” ! On peut citer, par exemple, des personnes comme James Deacon, Frans & Bronwen Stiene, etc.
C’est à ce dernier courant “évolutif, mais plus fondé historiquement” que nous appartenons : notre lignée passe par l’Amérique, le Canada, les arts martiaux japonais et Frank Arjava Petter, ce qui fait notre spécificité ; Arjava est une source inspirante pour nous, mais, même si nous sommes Okuden de Jikiden Reiki nous n’enseignons ni le Jikiden Reiki, ni le Kōmyō Reiki (qui est déjà occidentalisé). L’objectif est de fournir une transmission claire et simple, mais efficace (physiquement et spirituellement) de l’essence du Reiki. Ce qui suppose de rester ouvert, critique et en recherche, tout en continuant à pratiquer.
Sur la base souvent inavouée des travaux de ce courant, de nombreuses lignées de Reiki occidental se parent désormais de “Techniques Japonaises de Reiki (TJR)”, pour sembler plus authentiques… ou essayer de retrouver de la substance ! Ces techniques, issues le plus souvent des recherches des auteurs cités ci-dessus (notamment Hiroshi Doi qui les a partagées lors du congrès Reiki de 1999, tout comme de Frank Arjava Petter au début des années 2000…) font pourtant l’objet d’incompréhensions ou d’approximations techniques et spirituelles, les privant d’une bonne part de leur substance et de leur utilité, par méconnaissance du fonctionnement réel et de la place de ces fameuses TJR : pourquoi on les utilise et à quel moment… ? Ceux qui connaissent déjà bien l’énergétique (par exemple les pratiquants sérieux de Qìgōng) auront évidemment un bel avantage pour leur appropriations, relativement à ce qu’elles permettent réellement : la richesse dans la simplicité. C’est ainsi que nous avons pu les digérer et les intégrer rapidement.
Frank Arjava Petter et Hiroshi Doï restent nos sources principales en ce domaine, même si notre recherche personnelle continue depuis plusieurs années : la technique seule est lettre morte, c’est à nous de l’interpréter et de la faire vivre. Qui plus est, un simple protocole n’a guère de Cœur et ne rayonne pas non plus l’Amour inconditionnel ; ce type d’Amour survient naturellement lorsque le Cœur est réellement ouvert. De ce point de vue, cultiver l’humour est un bon début : en libérant le Cœur, on lui permet de s’ouvrir.