La plupart des gens ont une idée vague de ce qu’est le Mysticisme, et pour cause, son image a pour l’essentiel été façonnée par ses opposants les plus durables, ceux qui ont un conflit d’intérêt à long terme avec lui. Le Mysticisme est alors étiqueté comme quelque chose de mystérieux, au sens de peu fiable et de peu crédible, donc douteux, et par là on veut indiquer tout bonnement que ce n’est pas sérieux (on trouve d’ailleurs le terme “illuminisme” comme étant l’un de ses synonymes !), que ce n’est pas la bonne voie, bref que c’est de la charlatanerie, si ce n’est pas diabolique ou satanique ! Le moins que l’on puisse dire est qu’il soulève au final une vive émotion d’angoisse et de peur chez ses détracteurs. Pourquoi cela ? Pourquoi les dérange-t-il ?
Religion vs. Mysticisme ?
Le Littré donne pour définition du Mysticisme “croyance religieuse ou philosophique, qui admet des communications secrètes entre l’homme et la divinité“. On cumule ainsi presque toutes les difficultés d’un même coup : 1) ça n’est qu’une croyance, ce qui est une manière aussi d’instiller l’idée (elle-même une croyance) que ce serait donc quelque chose de fantaisiste (bien entendu la croyance que le Mysticisme serait fantaisiste n’est pas elle-même jugée fantaisiste, ni même analysée…) ; 2) c’est une croyance religieuse, donc le Mysticisme est l’affaire des religions, ce qui n’est pas faux dans le cas où la Religion a pour but de relier l’Homme au Divin (conception verticale et spirituelle)… plutôt que de donner du pouvoir et de l’influence à certains hommes (et parfois femmes) sur d’autres hommes et femmes (conception horizontale et temporelle). On retrouve ici potentiellement le double questionnement sur la laïcité et sur la liberté ou non des pratiques spirituelles ou d’un petit nombre d’entre elles seules jugées acceptable (intégrisme religieux, où seules les pratiques que moi je pratique sont tolérables) ; 3) c’est une croyance philosophique, donc au mieux un propos à portée ontologique (une forme d’assertion métaphysique, donc invérifiable, puisque de l’ordre du postulat), si ce n’est une vulgaire élucubration intellectuelle (un discours plus ou moins élaboré rationnellement, avec son contingent usuel de dérives New Age, c’est-à-dire pas vraiment sérieuses) ; 4) elle affirme l’existence de communications entre l’homme et la divinité : l’Homme pourrait parler à Dieu, au Ciel (ou à tout autre nom que vous choisiriez de donner à la Divinité). Bref, on postule qu’il existe une réalité Divine qui ne soit pas complètement la nôtre (monde spirituel), mais avec laquelle nous pouvons (monde matériel) communiquer… avec le risque d’en faire une forme d’expérience psychédélique (des gens ont des hallucinations après avoir pris des produits ou des substances), une forme de communication magique (avec tous les dangers usuels de la basse magie), voire une forme de spiritisme (et son contingent d’entités souvent plus que moins malintentionnées, et des risques de vampirisme, parasitage, possessions et autres joyeusetés) ; 5) cette communication est secrète… et le grand publique risque de comprendre qu’on veut lui dissimuler quelque chose (théorie du complot) ou bien qu’elle ne lui est pas accessible (on cache des choses pour préserver un monopole et des zones de pouvoirs, au profit d’une “élite spirituelle” qui en tire profit). Le moins que l’on puisse dire est que le choix des mots pour définir le Mysticisme est sujet à caution.
Qu’en disent d’autres dictionnaires ? Le Larousse donne deux définitions : 1) “Doctrine religieuse selon laquelle l’homme peut communiquer directement et personnellement avec Dieu“, 2) “Comportement dominé par les sentiments religieux“. Étonnamment pour un dictionnaire commercial, même si elle n’est pas parfaite, la première définition est bien meilleure que celle du Littré… la seconde, quant à elle, montre la raison possible des hostilités athées (et hâtées) : “dominé par les sentiments religieux” (donc non digne d’estime d’un point de vue “rationnel” et “cartésien”, quoique ce dernier croyait justement bien en Dieu…). Le dictionnaire Le Robert donne également deux définitions assez justes : 1) “Croyances et pratiques se donnant pour objet une union intime de l’homme et du principe de l’être (divinité, nature, idée…)“, 2) “Croyance, doctrine philosophique faisant une part essentielle au sentiment, à l’intuition“. La première définition du Robert est sans doute la meilleure : il ne s’agit pas que de croyances métaphysiques (peu sont nécessaires en Mysticisme, si ce n’est celle en la possibilité de l’existence du divin), mais aussi et surtout des pratiques individuelles (et cela est de grande importance) permettant l’union de l’Homme au Divin (choisissez le nom ou l’étiquette qui vous conviendra le plus), donc une forme de connexion, pouvant permettre la communication, dans un sens, dans l’autre, voire dans les deux sens. Mais cette connexion est intime, personnelle, du coup elle ne s’exprime pas essentiellement sur un mode rationnel, logique, mais sous forme de sentiments de dispositions d’âme, d’intuitions… On comprend pourquoi toute position athée est incompatible avec le Mysticisme, puisqu’elle présuppose que son objet n’existe justement pas, alors qu’une position agnostique lui laisse une porte ouverte : l’expérimentation par soi-même au travers de la pratique, permettant de s’apercevoir de la réalité ou non de ce dont on parle ; le Mysticisme est une science spirituelle expérimentale (où l’on expérimente notre relation au Divin dans notre intimité) et non une position dogmatique fermée (et malheureusement souvent bouffie de “certitudes”). Les positions religieuses sont-elles pour autant compatibles avec le Mysticisme ?
À première vue, on serait tenté de répondre par l’affirmative, mais l’expérience prouve plutôt que ce sont des religieux (pas “les” religieux) qui en sont les détracteurs les plus farouches, les athées se contentant de se moquer du mysticisme comme d’une antique superstition ou de “déraison”… et dans ses formes New Age, on n’aura malheureusement pas grand chose de valable à leur opposer, si ce n’est que le Mysticisme véritable, ça n’est pas cela. Quel est alors le problème avec ces “religieux” ? Le Littré nous donne un piste quand il cite Cousin : “Le mysticisme, dans sa signification la plus générale, est cette prétention de connaître Dieu sans intermédiaire, et en quelque sorte face à face” ; le mot est parfaitement choisi : prétention, bandes de prétentieux ! Vous prétendez que vous le pouvez ! L’athée se gausse par principe, le “religieux” se braque pour une autre raison : peut-être qu’il n’a jamais lui-même pu faire l’expérience du Divin et communiquer, voire communier, avec lui… Et si lui ne le peut pas, c’est donc que les autres sont des menteurs et que leurs “mystères” ne sont que des affabulations, pas que son Cœur (vs. sa tête) n’est pas réellement tourné vers Dieu. Là où le Mysticisme pose aussi potentiellement problème, c’est qu’il ne prétend pas permettre de connaître Dieu (une activité bien intellectuelle), mais plutôt d’en faire l’expérience personnelle et donc d’en tirer une certaine connaissance du Divin, ce qui n’est pas du tout la même chose, la prétention étant nettement plus limitée et beaucoup plus… raisonnable et réaliste, le “face à face”, d’égal à égal étant une impossibilité logique en raison de la différence de nature et d’état entre l’Homme et le Divin ; la connexion avec le Divin, elle, reste bien possible et est ce que cherche normalement tout religieux. Le problème vient alors plutôt de formes d’establishment religieux qui ne sont pas du tout enchantés par cette désintermédiation que le Mysticisme leur fait potentiellement subir : si tout un chacun peut entrer en contact avec le Divin (à condition de pratiquer spirituellement par lui-même, comme dans l’expérience monastique), quel besoin y a-t-il d’avoir des intermédiaires, qui plus est sous forme de hiérarchie ecclésiastique à plusieurs étages, venant potentiellement filtrer et arraisonner l’expérience individuelle ? Mais la raison d’être de l’existence de prêtres est justement que tous les individus n’ont pas également travaillé leur connexion et la qualité de leur connexion avec le Divin ; certains sont rationnels et savent bien qu’ils se sont investis dans la vie mondaine et le temporel, plutôt que dans le spirituel ; du coup, parce qu’ils croient dans le Divin, ils ont choisi de déléguer cette communication à ceux qui sont censés en être capables, en position d'”élites spirituelles”, afin qu’ils puissent les guider spirituellement : c’est bien la fonction de toute Église. En revanche, prétendre que l’on ne peut passer que par d’autres hommes pour accéder à Dieu n’est rien d’autre que d’établir une emprise temporelle horizontale (de type monopole) sur des questions spirituelles verticales, les priver d’une liberté qui est pourtant un droit de naissance donné par le Divin. Faire ainsi barrage ou obstacle entre l’individu et le Divin, c’est agir de façon satanique (śāṭān désignant en hébreux l’adversaire du Divin, son ennemi, celui qui s’y oppose et l’accuse, quitte à diffamer, et cherche à devenir “prince de ce monde”… terrestre). La bonne nouvelle ? Le Mysticisme s’intéresse à ce qui devrait être l’essence de toutes les Religions, quelle que soit la confession : la Spiritualité !
Le Mysticisme : portes ouvertes sur votre Spiritualité !
Quand on lit à nouveau le Littré, mais cette fois-ci à l’entrée “mystique“, on a une belle surprise et l’on peut lire : “Le mystique, ce qu’il y a de raffiné dans la spiritualité” ! Les deux mots-clefs sont donc, bien évidemment, “spiritualité” (ce qui relève des choses de l’Esprit, dans le même sens par exemple que l’Esprit-Saint, c’est-à-dire notre connexion avec le monde spirituel), mais également “raffiné”, ce qui suppose un processus de raffinement, qui n’est pas donné d’emblée. Autrement dit, le Mysticisme ne propose pas seulement une forme de spiritualité brute, en quelque sorte “à l’état sauvage”, mais au contraire une méthode pratique permettant de produire des résultats spirituels, c’est-à-dire de se développer sur le plan spirituel, sans que cela ne passe nécessairement par des états d’extase incroyable, des expériences extraordinaires avec Dieu lui-même, des “révélations suprasensibles”, etc. Cela peut être quelque chose de simple, mais profond à éprouver dans l’intimité de son être, parce que cela touche directement notre Cœur. Votre état de conscience s’est-il modifié après ces pratiques ? Oui et normalement en mieux. Tout le monde sait d’ailleurs que l’état de conscience en méditation ou prière n’est pas le même que lorsque l’on surfe sur Internet ou que l’on regarde les réseaux sociaux, autrement dit, ce n’est pas le même que notre état de conscience ordinaire…
Quelles sont donc ces pratiques spirituelles ? Sont-elles réellement mystérieuses ? Sont-elles sérieuses ? Les mystiques ou les mystes (μύστης), sont traditionnellement des initiés, des gens qui ont été admis ou introduits moins dans une société secrète quelconque que dans la pratique d’un système d’exercices spirituels, avec leurs effets personnels et subjectifs, dont il est parfois difficile de parler avec des mots, parce que l’expérience est au-delà du simple langage et qu’elle est, de ce fait, difficilement compréhensible par celui ou celle qui n’a pas eu une expérience similaire. Mais si, du coup, on n’en parle pas ou pas beaucoup, ce n’est pas parce que c’est “secret” ou qu’on cherche à le cacher, mais plutôt parce que c’est intime et qu’une telle expérience intime et personnelle nous tient à Cœur. En cela, l’étymologie du mot Mystère, du grec μυέω (initier à une science ou à un art, donc enseigner, instruire), lui-même issu du verbe μύω (fermer, particulièrement les yeux et la bouche), marque moins la clôture que l’intimité qu’elle permet (intériorité et silence, plutôt qu’une introspection analytique), ce qui est tout autant une condition qu’une caractéristique de l’expérience mystique. Loin d’être nécessairement individuelle, l’expérience mystique peut même parfois être collective, à condition que les participants vibrent à l’unisson… et cela sera possible parce que les mêmes techniques produisent des effets similaires chez les êtres humains, raison pour laquelle on les a sélectionnées dans les différentes Traditions au cours du temps, formant ainsi une forme de “science spirituelle“, expérimentale, étendue sur des milliers d’années de pratiques et d’observation, permettant de valider son efficacité, notamment par rapport à des pratiques récemment inventées… ou plus exactement imaginées mentalement, sans expérience sérieuse du monde spirituel, et qui leur donne un caractère généralement décevant et peu probant, mais il y a toujours quelques heureuses exceptions.
“Il ne tient qu’à nous d’ouvrir notre Cœur pour écouter le Divin et la méthode qui nous apprend à être à l’écoute du Ciel se nomme le Mysticisme.“
L’objectif du Mysticisme est ainsi de cultiver notre rapport personnel avec le Divin, le Ciel, Dieu, le Dào, le Grand Tout et tout autre nom que vous choisissez de Lui donner. La conséquence d’un cheminement spirituel authentique est de faire de vous une meilleure personne, une meilleure version de vous-même, à l’écoute du Ciel et de l’étincelle Divine qui réside à l’intérieur de vous, afin qu’elle puisse briller de plus en plus pleinement et de plus en plus longtemps. Le mysticisme doit vous permettre d’accroître votre Lumière et que les autres puissent en bénéficier, afin qu’ils trouvent, eux-mêmes, plus de Lumière en eux-mêmes, après en avoir reçu à l’extérieur d’eux-mêmes. La Lumière appelle la Lumière : elle se cultive individuellement et collectivement par la Prière et la Méditation, ainsi que par de nombreux autres exercices spirituels ; en augmentant notre Lumière, le contraste avec ce qui est sombre devient de plus en plus évident, ce qui peut éblouir et perturber… nous-mêmes et les autres ; mais notre relation personnelle avec le Divin est là pour nous aider à surmonter nos ténèbres intérieures, en faisant plus de place à la Lumière, ce qui signifie changer… en mieux, pour notre propre bénéfice et celui des autres, notamment en s’engageant dans la voie du Service : “Oh mais chéri(e), depuis que tu as commencé à faire du mysticisme, je trouve que tu as changé et je ne te reconnais plus ! Oui, c’est vrai, je suis une personne qui va mieux, car j’ai changé pour devenir une meilleure version de moi-même“. L’essence du Mysticisme est de laisser le Divin guider (tous) nos pas, ce qui est justement ce que l’on appelle la Foi, une forme de juste confiance dans le Ciel… qui nous a envoyé tant de messagers humains, pour nous éduquer et nous faire entendre de façon plus physique ce qu’il a à nous dire, et qui ont permis de conserver tant d’enseignements dans les Religions, quand ces derniers enseignements sont encore ceints du sceau de l’Esprit et ne sont pas simplement devenus lettres mortes, érigés en doctrines (potentiellement sclérosées et sclérosantes). Il ne tient qu’à nous d’ouvrir notre Cœur pour écouter le Divin et la méthode qui nous apprend à être à l’écoute du Ciel se nomme le Mysticisme. Le Mysticisme est là pour ouvrir les portes de notre Spiritualité.
Plus vos vibrations sont hautes et votre Lumière est grande, plus la qualité de votre connexion avec le Divin sera bonne. Toutefois, vous ou votre entourage pouvez douter de la qualité de cette connexion et de ce que vous avez perçus : cela vient-il du Divin… ou de plus bas et de diverses entités ? Il est vrai que tout un chacun éprouve une forme de peur par rapport à l’inconnu et, le cas échéant, il y aurait des risques de manipulations par de basses entités, générant illusions, erreurs, voire folie. Bonne nouvelle : si vous avez trouvé une tradition mystique respectable, ses méthodes et ses enseignements sont justement-là pour servir de garde-fous à ce genre de désagréments. La Tradition peut donner la clé de la porte, mais la passer et trouver des choses derrière est de notre propre Responsabilité. Indice : si ça n’est pas Lumineux et Joyeux, vous n’êtes pas au Bon Endroit !
“When I was religious, my side was winning. Now that I am Spiritual, all sides are winning. (…) When we are at the top of the mountain, you can see all the other paths that lead up to where it has gone. True Masters will help anyone along the path. (…) It’s not about winning or losing, it’s about helping everyone evolve. Once you get to that point, they don’t care about the differences (…). None of that matters. What matters is that everyone is on a journey to increase the Radiance and be productive“
Jerry Alan Johnson